2 - La violation de la Belgique

 
L'Allemagne ne s'aventura point à attaquer la France sur la ligne puissamment défendue qui va de Belfort à Verdun en passant par Épinal, Lunéville, Toul et Nancy, et derrière laquelle se massait toute la nation en armes. Un plan de campagne depuis longtemps étudié comportait le passage par la Belgique.

La neutralité du royaume de Belgique était garantie par les traités de 1851 et de 1859, contresignés par la Prusse. " Chiffons de papier ! " , telle fut la parole du chancelier Bethmann-Hollweg, lorsqu'il eut l'impudence de s'indigner de ce que l'Angleterre tirait l'épée pour faire honneur à l'engagement qu'elle avait contracté.

L'armée allemande, le 4 août, pénétra en territoire belge, détruisit la petite ville de Visé, et se présenta devant Liége ; Liége, que défendait une division Commandée par le général Léman, fut un premier obstacle que les envahisseurs ne s'attendaient pas à rencontrer. Ce ne fut que le 17 qu'ils purent s'emparer du dernier des forts qui couvraient Liège. Ils avaient subi là un arrêt de plus d'une semaine, dont les conséquences furent incalculables. Ce retard apporté à leur marche permit à la mobilisation française de s'achever et au généralissime Joffre de retirer une partie de ses troupes de la ligne de l'Est pour les concentrer sur le point où la menace principale se précisait.

Toutefois, les Allemands n'avaient pas attendu la chute complète de Liège pour se répandre en Belgique.

Dès le 8 août, par le Nord-Ouest, ils commencèrent leur marche sur Bruxelles. Des combats furent livrés, qui se terminèrent à l’avantage des Belges. Mais l'ennemi, grâce à son énorme supériorité numérique, avançait quand même. Le 17 août, l'armée belge succombant à Aerschoot, était obligée de se replier sur Anvers, et le lendemain les Allemands entraient à Bruxelles.

Vers le Sud, ils avaient, évitant Namur qu'un bombardement impitoyable détruisit quelques jours plus tard, descendu la vallée de la Meuse jusqu'à Dinant où la cavalerie française, qui venait d'entrer en Belgique, leur infligea, le 15 août, un sanglant échec. Ils allaient bientôt entrer en contact avec l'armée anglo-française appelée au secours de l'héroïque petite nation si sauvagement assaillie. On ne saurait s'étendre ici sur les atrocités, incendies, pillages, assassinats qui marquèrent l'agression.