CAUSES ET COMMENCEMENTS DE LA GUERRE

Le grand choc avait lieu dans le sud de la Belgique. L'armée anglo-française s'étendait, sur la ligne longue de plusieurs centaines de kilomètres qui part de Mons et aboutit à Virton, dans le Luxembourg belge. Le corps anglais, d'environ 200 000 hommes, qui venait de débarquer, s'appuyait sur Mons, tout à l'extrémité de notre aile gauche. La lutte autour de Charleroi, point central de l'action, dura du 20 au 23 août, avec de sanglantes alternatives. L ennemi attaquait par masses profondes, sans se soucier d'épargner la vie de ses soldats; il éprouva des pertes énormes, mais sans cesse de nouvelles colonnes revenaient à la charge, en marchant sur les cadavres. A la fin, le nombre et la supériorité d'artillerie l'emportèrent.

Sur notre aile droite, à la hauteur de Longwy, la poussée n'avait pas été moins féroce. A notre aile gauche, le maréchal French, sur le point d'être tourné, dut se retirer de Mons, dans la direction de Maubeuge. Le 24, le général en chef français, Joffre, donna l'ordre de la retraite.

La marche de l'envahisseur prit la forme d'une manoeuvre d'enveloppement de notre aile gauche par son aile droite, que commandait von Klück. Le 25 et le 26, des combats acharnés eurent lieu entre Cambrai et le Cateau. Le 28 et le 29, au-dessous de Mézières, à Lannoy, Signy-l'Abbaye, Novion-Porcien, nos efforts clouèrent l’ennemi sur place. Le 29 et le 30, la bataille de Guise fut une véritable victoire à notre actif. D'autre part, sur la Meuse, à Dun, au-dessus de Verdun, nous infligions des pertes considérables aux Allemands. Ils continuaient cependant à avancer. Maintes fois, après d'éclatants succès partiels, Joffre avait été sollicité par ses lieutenants de reprendre l'offensive générale. Mais il décida de continuer la retraite tant qu'il ne jugerait pas le moment opportun. Le 2 septembre, les Allemands étaient à Chantilly, à 40 kilomètres de Paris. Ils se vantaient d'entrer dans la capitale à temps pour y célébrer l'anniversaire de notre désastre de Sedan, en 1870.