Sur le
front oriental, les Allemands se trouvaient cependant en
présence d'une situation qui devenait inquiétante. La
mobilisation russe s'était effectuée avec plus de
rapidité que ne le laissait espérer la grave difficulté
des immenses espaces à parcourir et de l'insuffisance
des voies ferrées. Dès le 17 août, les Russes avaient
prononcé une vigoureuse offensive en Prusse Orientale;
ils avaient culbuté les forces qui leur étaient opposées,
le 19, à Stallupoenen, le 20, à Gumbinen; ils avaient
pris Tilsitt et s'étaient rendus maîtres de la région
des lacs de Mazurie, d'où ils menaçaient Koenisgsberg
et Dantzig. Il fallut faire venir des troupes du front
occidental. Une défaite russe à Tannenberg, après
trois jours d'une terrible lutte, les 27, 28, 29 août,
libéra la Prusse Orientale. Nos alliés, d'ailleurs, ne
s'étaient pas forgé d'espoirs chimériques au sujet de
cette tentative prématurée. Le but de leur démonstration
était surtout d'attirer sur eux, pour nous soulager d'autant,
une partie des forces de l'Allemagne. Leurs succès contre l'Autriche eurent plus de portée. Les Autrichiens, dès l'ouverture des hostilités, avaient envahi, presque sans combat, le sud de la Pologne. En riposte, les Russes entrèrent en Galicie. Après une bataille gigantesque, qui dura huit jours, du 26 août au 2 septembre, et où ils anéantirent les armées qu'ils avaient devant eux, ils s'emparèrent de Lemberg, la capitale de la Galicie. |