En
réalité, ces deux batailles s'enchevêtrent et n'en
font qu'une, qui dura un mois plein : c'est une suite de
la bataille des Flandres, que l'on a appelée aussi
bataille de Calais, d'après son objectif. Une nouvelle démence
en effet occupait l'esprit du kaiser. Il voulait, à n'importe
quel prix, prendre Calais afin de pouvoir, de ce port,
fondre sur l'Angleterre avec une armée d'invasion. Le 17
octobre, ses innombrables bataillons, lancés par masses
épaisses de huit hommes de front sur vingt ou trente
rangs de profondeur, commencent à essayer de forcer les
passages de l'Yser, entre Dixmude et Nieuport. Il n'y a là
que les régiments belges réduits à de faibles
effectifs, et 6000 de nos fusiliers marins. Cette poignée
d'hommes tient tête à elle seule sept jours de suite
aux vagues allemandes. Le 24 elle est renforcée par des
contingents français amenés en hâte. Le 26, les écluses
de Nieuport sont ouvertes et inondent la plaine, qui est
en contrebas de la mer. La lutte continue partout où
elle reste possible. Ce n'est que le 10 novembre que les
Allemands s'emparent du tas de ruines qui fut Dixmude. L'attaque d'Ypres, plus forcenée encore que celle de Dixmude, commença le 21 octobre. Ce fut aux Anglais à en soutenir le premier choc. Ils accomplirent leur tâche avec une vaillance inégalable, dans des circonstances parfois désespérées. Là encore, plusieurs de nos divisions intervenues à temps rétablirent le combat. Le 16 novembre, les Allemands renoncèrent. Ypres nous restait, la route de Calais à jamais fermée. |