Après
Ypres et l'Yser, la barrière des tranchées s'établit d'une
façon continue. Elle commençait aux dunes flamandes,
descendait au Sud jusqu'à Noyon; de là, elle se
dirigeait vers l'Est, jusqu'à Verdun, d'où elle
repartait, s'inclinant au Sud-Est, pour aboutir en avant
de Belfort. Dans toute la longueur de cette immense étendue,
la guerre s'immobilisa. Il faut entendre par là
seulement qu'il n'y eut plus de grandes avancées, ni de
profonds reculs. C'est ce qu'on a appelé la guerre de
position, qui semble piétiner sur place, qui, en réalité,
ne se maintient sur les mêmes places qu'à cause des
efforts incessants qui se neutralisent. Mais pas un jour,
pas une nuit ne se passe sans que la canonnade et la
fusillade ne résonnent en cent endroits à la fois. Par
moments une poussée plus forte se produit, qu'elle
vienne de nous ou de l'ennemi. Le moindre ces épisodes s'égale
aux grandes batailles décisives de jadis. En janvier 1915, du 8 au 14, un coup de main des Allemands sur Soissons échoue, et nous n'y perdons un peu de terrain que par le fait dune crue de l'Aisne. Du 16 février au 18 mars, en Champagne, à Perthes-les-Hurlus, Tahure et Beauséjour, nous progressons. Du 1er au 6 mars, en Argonne, nous emportons Vauquois. Les 10, 11 et 12 mars, en Artois, les Anglais se rendent maîtres de Neuve-Chapelle. Le 9 avril, nos sacrifices de plusieurs mois ont leur récompense dans la prise des Éparges. La seconde bataille de l'Artois dure du 8 mai au 18 juin : les noms de Notre-Dame-de-Lorette, Carency, Souchez, Vimy, la Neuville-Saint-Vaast, le Labyrinthe, Ablain-Saint-Nazaire resteront célèbres. |