9 - La Guerre de position

 
Après Ypres et l'Yser, la barrière des tranchées s'établit d'une façon continue. Elle commençait aux dunes flamandes, descendait au Sud jusqu'à Noyon; de là, elle se dirigeait vers l'Est, jusqu'à Verdun, d'où elle repartait, s'inclinant au Sud-Est, pour aboutir en avant de Belfort. Dans toute la longueur de cette immense étendue, la guerre s'immobilisa. Il faut entendre par là seulement qu'il n'y eut plus de grandes avancées, ni de profonds reculs. C'est ce qu'on a appelé la guerre de position, qui semble piétiner sur place, qui, en réalité, ne se maintient sur les mêmes places qu'à cause des efforts incessants qui se neutralisent. Mais pas un jour, pas une nuit ne se passe sans que la canonnade et la fusillade ne résonnent en cent endroits à la fois. Par moments une poussée plus forte se produit, qu'elle vienne de nous ou de l'ennemi. Le moindre ces épisodes s'égale aux grandes batailles décisives de jadis.

En janvier 1915, du 8 au 14, un coup de main des Allemands sur Soissons échoue, et nous n'y perdons un peu de terrain que par le fait d’une crue de l'Aisne. Du 16 février au 18 mars, en Champagne, à Perthes-les-Hurlus, Tahure et Beauséjour, nous progressons. Du 1er au 6 mars, en Argonne, nous emportons Vauquois. Les 10, 11 et 12 mars, en Artois, les Anglais se rendent maîtres de Neuve-Chapelle. Le 9 avril, nos sacrifices de plusieurs mois ont leur récompense dans la prise des Éparges. La seconde bataille de l'Artois dure du 8 mai au 18 juin : les noms de Notre-Dame-de-Lorette, Carency, Souchez, Vimy, la Neuville-Saint-Vaast, le Labyrinthe, Ablain-Saint-Nazaire resteront célèbres.