L'Italie
déclara la guerre à l'Autriche le 25 mai 1915. Dès juillet 1914, elle avait manifesté hautement sa volonté de refuser tout concours à l'attentat que les Empires centraux préméditaient contre l'humanité; elle devait finalement se ranger dans le parti de la bonne cause. Mais, depuis déjà plusieurs années, et au temps même où la Triplice était en vigueur, l'Autriche avait pris ses précautions. Elle avait couvert toutes les cimes des Alpes, sur la frontière, de fortifications formidables munies d'artillerie lourde, et toutes les routes d'invasion étaient en son pouvoir. La première tâche des Italiens fut donc de parer à cette menace et de s'efforcer de transporter le théâtre des opérations en territoire ennemi. L'année 1915 entière y fut employée. Les passes du Trentin furent enlevées dès le début de la campagne. L'armée italienne remonta la vallée de l'Adige jusqu'aux portes de Rovereto. Plus vers l'Est, elle s'empara du Val Sugana et de Cortina d'Ampezzo, dans les montagnes des Dolomites. En Carnie, elle anéantit les redoutes autrichiennes et parvint au cols de Tarvis et du Predil qui dominent le cours de la Drave. Tout à fait à lEst, au point où la frontière dessine une large courbe qui aboutit à l'Adriatique, les Italiens se portèrent sur lIsonzo, s'emparèrent à Plava d'une tête de pont qui les mettait sur la rive gauche de la rivière, et se rendirent maîtres de Monfalcone, le grand chantier naval de l'ennemi. On peut se rendre compte de l'effort surhumain que représente cette campagne, si l'on songe qu'il fallut faire passer des troupes et hisser des pièces d'artillerie lourde sur des sommets de deux à trois mille mètres d'altitude, au milieu des neiges et des glaciers, et, dans ces conditions, chasser l'ennemi de positions qu'il avait installées à loisir depuis des années et rendues comme inexpugnables. |