Un
événement grave assombrit la fin de 1915. Deux fois la
Serbie avait repoussé glorieusement l'assaut des
Autrichiens. Elle devait succomber à une troisième
agression où deux grandes nations saidèrent
encore d'un complice sournois, la Bulgarie, pour égorger
un petit peuple. Le 9 octobre, les Austro-Hongrois et les
Allemands, conduits par Mackensen, franchirent le Danube.
Le 13, les Bulgares, sans déclaration de guerre, attaquèrent
de flanc. Les Serbes firent face de tous côtés à
plusieurs reprises. Obligés de reculer sans cesse, ils
essayèrent de donner la main au corps expéditionnaire
franco-anglais, débarqué à Salonique dans le
commencement du mois. Mais cette aide arrivait trop tard.
Larmée serbe dut passer en Albanie. Le secours
combiné des Italiens et de la flotte anglo-française
permit de la transporter de là dans l'île de Corfou, où
elle se reforma. La résistance serbe avait duré jusquaux derniers jours de décembre 1915. Dans la seconde semaine de janvier 1916, le Montenegro, à son tour, succombait. Lorsque sa présence en Serbie n'eut plus de raison d'être, le corps expéditionnaire des Alliés se replia sur Salonique. Il n'était encore, à ce moment, que d'un médiocre effectif. D'importants renforts en firent une puissante armée, et Salonique devint une place et un camp retranché de premier ordre, que ni les Austro-Allemands ni les Bulgares n'osèrent attaquer. |