Tout
portait la Roumanie à se ranger dans le parti des Alliés.
Elle ne pouvait, sous peine d'anéantissement, tolérer
à côté d'elle une Bulgarie prépondérante dans les
Balkans. Elle, se devait à elle-même d'arracher au joug
autrichien une province presque uniquement peuplée de
ses nationaux, la Transylvanie. Mais sa situation géographique
lui commandait la prudence. Elle s'appuyait à l'Est, il
est vrai, sur la Russie, mais de tous les autres côtés,
elle se trouvait étroitement enveloppée par les Austro-Allemands
et par les Turco-Bulgares. Elle attendit jusqu'à la fin
août 1916. Ou plutôt, elle fut alors acculée à
prendre une détermination par la pression qu'exercèrent
sur elle les Empires centraux qui, à cause des
ressources qu'elle offrait, l'auraient avant peu sommée
de se joindre à eux de gré ou de force. Dès les derniers jours d'août, l'armée roumaine pénétrait sur le territoire hongrois. Grâce à l'effet de surprise de sa brusque attaque et à la vaillance de ses soldats, elle s'emparait rapidement de Brasso et de Sibiu, en Transylvanie, et d'Orsova, sur le Danube. Mais les Empires centraux, réduits à l'impuissance sur tous les autres fronts, ne pouvaient manquer d'essayer de saisir l'occasion d'une victoire dont ils avaient besoin pour restaurer leur prestige baissant à l'intérieur aussi bien qu'à l'extérieur; et ils massèrent toutes leurs forces disponibles pour les jeter contre un adversaire plus faible qu'il serait aisé d'écraser, comme ils avaient fait de la Serbie et du Montenegro. Leur premier effort se porta au sud du Danube, en Dobroudja. Le 8 septembre, Mackensen était à Silistrie, et, dans le courant du mois, il progressait rapidement jusqu'aux lignes de la défense de Konstantza, le port de la Roumanie sur la Mer Noire. Mais là, le Roumains lui infligeaient une défaite sanglante, le 20 septembre. Ils gardèrent l'avantage jusque vers le milieu d'octobre. A ce moment, Mackensen, avec des forces considérables, les obligea à se replier. Konstantza tomba le 24 octobre. Pendant ce temps, de septembre à octobre, Falkenhayn attaquait sur la frontière de Transylvanie. Le 7 octobre, les Roumains durent abandonner leurs conquêtes du début pour se replier sur les montagnes. Ils s'y maintinrent un mois encore. Ce ne fut que le 15 novembre qu'ils commencèrent à céder le terrain. Dès lors, l'invasion put progresser plus rapidement, grâce à une écrasante supériorité d'armement. Pour ne pas être enveloppée et détruite l'armée roumaine laissa les Germano-Bulgares entrer dans Bucarest, le 5 décembre, et continua sa retraite sur la frontière de Bessarabie. Le 7 janvier 1917, Falkenhayn était à Braïla, à peu de distance du Danube. L'armée de la Dobroudja, Malgré déclatants succès sur Mackensen, dut suivre le mouvement de recul. Toute la partie sud de la Roumanie, la Valachie et la Dobroudja, était perdue. Mais, finalement, les Empires centraux se virent frustrés du riche butin sur lequel ils avaient compté. En se retirant, les Roumains avaient eu lhéroïsme de détruire pour la plus grande partie les immenses quantités de blé amoncelées dans leurs greniers, d'incendier leurs réservoirs de pétrole, de rendre leurs puits pétrolifères inutilisables pour un temps inappréciable |