Lorsque
Bethmann-Hollweg parla de la carte de la guerre et se
vanta des gages territoriaux que l'Allemagne tenait entre
ses mains (jusqu'au moment où elle ne les tiendrait plus),
il oubliait ou feignait d'ignorer que toutes les colonies
allemandes étaient tombées au pouvoir des Alliés, sans
aucune chance d'en sortir. Or l'Allemagne ne plaçait-elle
pas son avenir économique dans sa colonisation ? En Asie, le Japon, notre allié de la première heure, avait commencé le 20 août et terminé le 7 novembre 1914 la conquête de Kiao-Tcheou, où le kaiser ne voyait rien moins qu'un commencement de mainmise sur la Chine. En Afrique, il avait rêvé la création d'un vaste empire qui, embrassant tout le centre de ce continent, de l'Atlantique à l'Océan Indien, ne laisserait, et seulement à titre provisoire, aux autres nations que les rivages de la Méditerranée et la pointe de l'extrême Sud. D'immenses amorces de cet empire existaient; il n'en reste plus une. Le Togoland capitula entre les mains des Anglais et des Français dès la fin d'août 1914. Le Kameroun tomba sous les attaques des Français, des Belges et des Anglais, d'août 1915 à janvier 1916. Du 18 novembre 1914 au 12 mai 1915, les Boers, commandés par le général Botha, semparaient du Sud-Ouest africain allemand. L'Afrique Orientale allemande fut conquise d'avril à septembre 1916 par les Anglais et les Belges, et par les Portugais, qui s'étaient joints à l'Entente en mai 1916. Dans l'Océan Pacifique, les îles Samoa, la Nouvelle Guinée allemande, les îles Carolines, Mariannes, Marshall, l'archipel Bismarck, avaient subi le même sort dans les trois premiers mois de la guerre. |