Lors
des premières séances de la conférence de Brest-Litowsk,
les puissances centrales émirent la prétention que les
pourparlers s'étendissent à tous les belligérants. L'Entente
n'avait pas à tenir compte d'une semblable invitation
qui, d'ailleurs, ne lui était pas directement adressées. Mais, dans la quinzaine qui suivit, MM. Stéphen Pichon, en France, et Lloyd George, en Angleterre, prononcèrent l'un après l'autre d'importants discours, et, dans le même sens, devant le Parlement de Washington, M. Wilson lut un message où les conditions des Alliés se formulaient en quatorze articles. Ces conclusions, au reste, ne différaient pas de celles de décembre 1916, lorsque l'Allemagne s'était livrée à de premières insinuations de paix. Restitution de l'Alsace-Lorraine à la France; libération de la Belgique, de la Serbie et du Montenegro, et maintenant, de la Roumanie, avec réparation des dommages subis; rectification des frontières de l'Italie; restauration de la Pologne; satisfaction des légitimes revendications des nationalités englobées malgré elles; tous ces points devant être réglés par l'arbitrage de tous les participants. Les vues des Empires centraux s'affirmèrent encore aussi diamétralement opposées que jamais. La paix générale qu'ils envisageaient n'était rien qu'une série de petites paix séparées, chaque intéressé ne traitant que pour son compte. De plus, cette prétention, que les questions de nationalités ne devaient relever que de la politique intérieure des Etats. L'Autriche, par exemple, restait maîtresse de ce qu'elle avait à exiger de la Serbie, et demeurait l'unique juge du bien-fondé des aspirations d'autonomie des Tchèques. |